L’écart se creuse encore davantage entre les garçons et les filles dans
le réseau scolaire québécois, révèle la nouvelle édition du Palmarès des écoles
du Journal, si bien que plusieurs institutions strictement
féminines trônent maintenant au sommet de ce classement.
Au cours des cinq dernières
années, les résultats des élèves aux examens ministériels démontrent que
l’avance des filles sur les garçons s’accentue en français. L’écart est de
4,7%, alors qu’il était de 4,4% en 2011.
«C’est une tendance qui semble
difficile à freiner», affirme Peter Cowley, auteur de ce classement réalisé par
l’Institut Fraser. Dans 95% des écoles secondaires québécoises, les résultats
des filles sont supérieurs à ceux des garçons en français.
Il s’agit du principal fait
saillant de ce Palmarès, dont Le Journal publie vendredi la
liste des 10 meilleurs établissements publics et privés du Québec, en plus des
5 meilleures institutions de chaque région.
Le classement détaillé de quelque
459 écoles secondaires du Québec paraîtra samedi, dans un cahier spécial à
conserver, inséré au centre de votre Journal.
Vocation particulière
Quatre établissements fréquentés
uniquement par des filles se retrouvent d’ailleurs dans le top 10 des
meilleures écoles privées, comparé à deux l’an dernier.
Le Palmarès est dominé par deux
institutions qui obtiennent la note parfaite de 10 sur 10 : l’école Pasteur, un
collège privé d’inspiration française, et l’école Jeunes Musulmans Canadiens.
Il s’agit d’une première pour ces deux établissements situés à Montréal.
Dans le réseau public, ce sont les
écoles d’éducation internationale et à vocation particulière qui arrivent
encore une fois en tête. L’école secondaire située à Saint-Paul-de-Montminy,
dans Chaudière-Appalaches, fait de son côté une entrée remarquée dans le top 10
cette année, un véritable exploit pour cette école située en milieu défavorisé,
où aucun élève n’est sélectionné.
Gravir les échelons
Près d’une cinquantaine
d’établissements se sont par ailleurs améliorés de façon significative, comme
l’école secondaire Antoine-Roy située à Rivière-au-Renard, près de Gaspé, qui
est parvenue à gravir 135 échelons en cinq ans.
De son côté, l’école secondaire
Eulalie-Durocher, à Montréal, a réussi un véritable tour de force en améliorant
considérablement sa performance même si près de la moitié de ses élèves âgés de
16 à 21 ans sont en difficulté. Cette école accueille notamment des
adolescentes enceintes et de jeunes mères.
Comparaison
«La comparaison la plus valable,
c’est lorsqu’on compare une école à elle-même», affirme M. Cowley, qui rappelle
aussi l’importance de regarder les résultats sur plus d’une année.
«Une école n’a pas besoin de se
classer parmi les meilleures pour s’améliorer», ajoute-t-il.
Le Palmarès des écoles du Journal est
basé en grande partie sur les résultats des élèves aux examens ministériels de
quatrième et cinquième secondaires, qui sont plutôt stables dans l’ensemble des
matières depuis cinq ans.
M. Cowley admet que ce classement
met de côté d’autres aspects importants d’une école, mais il est difficile de
faire autrement puisque les résultats scolaires demeurent «les seules données
valables» qui permettent de réaliser un tel exercice, explique-t-il.
COMMENT SONT CLASSÉES LES ÉCOLES?
Le Palmarès des écoles secondaires
du Québec, réalisé par l’Institut Fraser, classe les écoles secondaires
publiques et privées en fonction d’une «cote globale», qui est basée en bonne
partie sur les résultats des élèves aux examens ministériels de quatrième et
cinquième secondaires de l’année 2014-2015. À cet indicateur s’ajoutent entre
autres l’écart entre les garçons et les filles et la proportion d’élèves qui
accusent un retard dans leur parcours scolaire. Les données de l’Institut
Fraser font aussi état du pourcentage d’élèves handicapés ou en difficulté
d’apprentissage ou d’adaptation (EHDAA) de chaque école, ce qui peut expliquer
en partie la performance d’un établissement.
SURPRISE
: LES FILLES DOMINENT AUSSI EN MATHS
Il n’y a pas qu’en français où les
filles réussissent mieux que les garçons à l’école. C’est aussi vrai pour les
mathématiques, puisque les résultats aux examens ministériels démontrent un
écart de 3,5%.
Une réalité qui étonne Peter
Cowley, de l’Institut Fraser. « C’est plutôt le contraire que l’on observe dans
d’autres provinces», affirme celui qui réalise des palmarès semblables en
Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique.
Le scénario est aussi semblable à
l’échelle internationale, où les garçons ont généralement une avance sur les
filles en mathématiques, selon les résultats des élèves au Programme
international pour le suivi des acquis (PISA) de l’OCDE.
Comment expliquer alors qu’au
Québec, les résultats des filles sont supérieurs à ceux des garçons en maths
dans 72% des écoles secondaires? «C’est une bonne question, ça reste une
énigme», affirme Jocelyn Dagenais, enseignant et président du Groupe des
responsables en mathématique au secondaire.
Dans les écoles québécoises, trois
différents cours de mathématiques sont offerts à partir de la troisième
secondaire, une formule différente de celle offerte dans d’autres provinces
canadiennes. Cette réalité ne pourrait toutefois pas permettre d’expliquer
l’écart entre les garçons et les filles, selon M. Dagenais.
S’INSPIRER
DES MEILLEURS
Même si ce type de classement est
loin de faire l’unanimité, Peter Cowley espère que ce palmarès permettra aux
parents, mais aussi aux intervenants du réseau scolaire, de s’intéresser à la
performance des écoles de leur quartier ou de leur région.
Il faut par ailleurs éviter de
comparer entre elles des écoles aux réalités diamétralement opposées,
ajoute-t-il, puisque les résultats d’une école qui sélectionne minutieusement
ses élèves seront souvent aux antipodes de ceux d’un établissement situé en
milieu défavorisé qui ouvre toutes grandes ses portes à plusieurs élèves en
difficulté.
«L’objectif, c’est de tenter de
comprendre ce qui fait le succès de certaines écoles et de s’en inspirer»,
insiste M. Cowley.
Les écoles secondaires
québécoises en chiffres
770 élèves en moyenne
24% des élèves en difficulté
d’adaptation ou d’apprentissage (ÉHDAA) (comparé à 22 % l’an dernier)
17% des élèves en retard
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